Œil ivre

DE LÀ-BAS

Création 2016

De là-bas est une pièce archéologique.
Dans une scénographie faite d’argile, un être seul gît, creuse, traverse, chute, écoute, guette. Il cherche des passages comme autant de mémoires.
Dans ce lieu, l’autre n’existe pas.
L’autre, c’est la terre, c’est le lieu même.

Pourtant, de là-bas est aussi une pièce pour quatre auteurs interprètes : un danseur, un musicien, un plasticien et un éclairagiste. De leur place, ils se plongent dans cet espace et cette matière pour composer ensemble un récit fragmenté.
La lumière laisse apparaître des danses puis les éclipse aussitôt.
Le son, sortant de la pénombre, nous fait rêver à des scènes dont nous ne voyons que les traces. Et l’espace lentement se transforme.

De là, le spectateur tente de se construire une histoire.
Témoin fugace de ces présences, il oeuvre à tâtons.
Et en archéologue du noir, il fouille des images qui ne disent pas tout.

... DE LA-BAS Romain Bertet L'Oeil ivre
© Pascale Beroujon
© Pascale Beroujon
© Pascale Beroujon

Conception, chorégraphie, interprétation, scénographie –Romain Bertet
Scénographie, manipulation de l’argile – Barbu Bejan
Composition musicale et régie son – Marc Baron
Création lumière Gilbert Guillaumond
Création lumière et régie – Charles Périchaud
Regard extérieur – Vivianne Balsiger

Durée – 1h
Création le 16 avril 2016 à l’Espace Pierre-Bel à La Valette-du-Var

Production – L’Œil ivre
Co-production – CCN d’Orléans/Josef Nadj (dispositif accueil-studio), Chateauvallon – Scène Nationale
Avec le soutien de la DRAC (aide au projet 2016), de la région PACA et du département du Var
Résidence de création – La Pratique de Vatan, CCN d’Orléans, CNCDC de Chateauvallon, l’Espace Pierre-Bel (La Valette-du- Var), KLAP – Maison pour la danse de Marseille.

LA PRESSE

Retour sur …De là-bas, performance faite d’argile et de danse de Romain Bertet

Originelle argile

• 23 février 2018, 30 mars 2018, 5 avril 2018 •

Métaphysique de l’argile ou le mythe de la caverne revisité : l’étonnante performance du jeune chorégraphe Romain Bertet…De là-bas, captive par son énigmatique relation à la terre. Un large cube ouvert, grotte des commencements, noyée de pénombres dans lesquelles un corps émerge. Seul en scène, le danseur-acteur-plasticien arpente ce territoire clos, l’éprouve, y trouve sa mesure, dans un clair-obscur entrecoupé de fondus au noir. Son personnage devient l’aune de cet antre dont il s’échappe parfois, plongeant dans la matière souple et malléable de l’argile, pour revenir inlassablement.

L’alchimie opère, des masques de terre émergent, doubles du protagoniste, sans doute, ou peuple magique, émanation du lieu ? Entre la terre qui se modèle et la rigidité des représentations, Romain Bertet malaxe, bat, arrache aux cloisons argileuses, au sol, des fragments, boules rondes d’argile qui roulent, s’évadent, se forment. La matière prend une dimension mythologique, les gestes une valeur incantatoire, dans le travail ardu auquel le corps s’attelle, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à se fondre dans la couche argileuse…

Les lumières (Gilbert Guillaumond) façonnent l’espace, le révèlent, l’occultent, pans de mémoire arrachés au silence, qui entre en résonance avec les sons orchestrés par Marc Baron. Poésie au sens premier de la création dans ce décor (Barbu Bejan) composé de 700 kilos d’argile. On entre ici dans une esthétique de la lenteur, du recueillement. L’art y retrouve sa dimension sacrée, sensuelle et bouleversante. L’œuvre en devient inclassable, expérience intime et troublante en ce qu’elle nous renvoie aux mystères d’une conscience en train de se forger.

MARYVONNE COLOMBANI
Novembre 2017

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Danse : argile et balais à June Events

Une quarantaine de performances sont présentées, jusqu’au 17 juin, par le Centre de développement chorégraphique (CDC)-Atelier de Paris

LE MONDE |  03.06.2017 à 09h54 • Mis à jour le 03.06.2017 à 09h55 |Par  Rosita Boisseau

Ça pousse, ça construit au Centre de développement chorégraphique (CDC)-Atelier de Paris, à la Cartoucherie de Vincennes, dans le 12e arrondissement. Bordée par la forêt, La Cabane, un studio de 120 mètres carrés, dresse sa silhouette modeste et confortable de chalet en bois. Sous la direction de l’architecte Xavier Fabre, cette maison, au carrefour « du refuge dans les arbres et du nid », selon la formule d’Anne Sauvage, directrice du lieu, ouvrira ses portes en septembre mais son planning est déjà saturé : une quinzaine de troupes profiteront de cet espace doux et enveloppant.

Cette cabane rêvée complète l’outil déjà solide du CDC-Atelier de Paris, qui possède deux espaces : un studio de 210 mètres carrés et le Théâtre du Chaudron, qui peut accueillir 126 spectateurs et dont le plateau tourne autour de 220 mètres carrés. « Nous sommes tellement sollicités par les artistes pour avoir un espace de répétition que nous ne pouvons pas répondre à la demande, insiste Anne Sauvage. Plus de 45 % des compagnies de danse sur les 500 répertoriées actuellement vivent en Ile-de-France et manquent de lieux. Par ailleurs, nous renouons avec les bâtisseurs de la Cartoucherie. Lorsque Carolyn Carlson a investi cet espace en 1999, son installation s’inscrivait dans une longue histoire qui a fait basculer cet ancien lieu militaire abandonné vers la culture dans les années 1970. »

Décors de balais

« Faisons cabane ! » Ce slogan souffle sur le festival June Events, piloté par l’Atelier de Paris, qui présente jusqu’au 17 juin une quarantaine de performances. Deux spectacles, aux scénographies insolites, jouent sur le thème de la maison, de l’abri. Le premier intitulé … De là-bas, signé par le jeune chorégraphe Romain Bertet, plonge l’interprète dans une boîte d’argile de 700 kilos qui exige deux jours de montage avant la représentation. Le second, Littéral, mis en scène par Daniel Larrieu pour fêter ses 60 ans, accroche soixante balais dans une invraisemblable spirale. « Dans un contexte où, depuis quelques années, la tendance est aux plateaux de danse vides, j’ai eu envie de soutenir ce retour à des décors et des accessoires », glisse Anne Sauvage.

Romain Bertet, 36 ans, a travaillé pendant trois ans à fabriquer son environnement de terre en complicité avec le plasticien Barbu Bejan. Le déclic ? Entre 2010 et 2014, interprète dans la compagnie de Maguy Marin, il danse May B, créé en 1981, spectacle dans lequel il porte un masque en argile. « J’ai eu tout de suite l’envie d’élargir la couche d’argile, de gommer tous mes traits et d’en faire sortir d’autres, explique-t-il. J’ai alors commencé à travailler sur un masque à modeler. J’ai peu à peu découvert le potentiel burlesque de ce corps maladroit qui tente de convenir à ce visage, de ce corps qui, recouvert d’argile, se rigidifie pour devenir statue ». Un premier solo voit le jour, Feldspath, qui dégage la voie à … De là-bas. « En tant qu’ancien étudiant en anthropologie, j’étais d’abord intéressé par l’imaginaire de la terre et son potentiel mythologique, poursuit-il. Aujourd’hui, j’ai deux regards contradictoires sur cette matière. J’entretiens un rapport quasi alchimique d’un côté et de l’autre, plus artisanal, proche de celui d’un maçon aux prises avec une matière pauvre, dure à travailler, qui fatigue le corps. »

A l’opposé de cette démarche enracinée, Daniel Larrieu a opté pour la voie des airs et un auvent de balais planant comme un toit éphémère ou une nuée de paille. Au-delà de son anniversaire littéralement incarné et d’un coup de folie ménagère, le chorégraphe, en complicité avec le scénographe Mathieu Lorry-Dupuy et cinq danseurs, entend déplacer l’objet de son usage habituel. « Il peut flotter, être en équilibre, hommage à Calder, dit-il. Il donne dans l’espace des signes de mobilité qui conversent avec le geste dansé. Ces balais sur scène ne sont jamais pris dans leur fonction domestique mais pour leur beauté d’objets communs, accessibles, simples et dépouillés. » Et de chambouler l’espace dans un feu d’artifice dont même Harry Potter n’oserait rêver.

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LA TOURNÉE

 
Diffusion passée

Mercredi 22 janvier 2022 : Centre chorégraphique national, à l’occasion des Biennales Internationales du Spectacle – Nantes
Mardi 04 décembre 2018 : Châteauvallon, scène nationale – Ollioules

Jeudi 05 avril 2018 : Théâtres en Dracénie, scène conventionnée pour la Danse – Draguignan
Mercredi 21 mars 2018 : Théâtre Durance – Château-Arnoux-Saint-Auban
Jeudi 19 octobre 2017 : Théâtre du Bois de l’aune – Aix-en-Provence
Mardi 17 octobre 2017  : Théâtre des Salins, scène nationale – Martigues
Mercredi 14 juin 2017 : June Events – Paris
Vendredi 21 octobre 2016 : KLAP – Maison pour la danse – Marseille – dans le cadre du Festival Question de Danse
Samedi 16 avril 2016 : Espace Pierre Bel, La Valette-du-Var – Création